Vous l’aurez remarqué, l’été est là, et avec lui des températures élevées et une hydratation des chevaux à surveiller ! Voici quelques exemples de signaux d’alerte :
- Mauvaise concentration et performance
- Température rectale très élevée en cas d’hyperthermie (41-43°c)
- Léthargie et dépression : si votre cheval semble plus calme que la normale
- Urine de couleur plus foncée que la normale
- Fréquence respiratoire plus élevée
- Coliques : l’eau a un rôle important dans la digestion, rendant le cheval plus sensible aux coliques en cas de déshydratation
- Spasmes musculaires récurrents
- Crampes
- Ulcères
- Rhabdomyolyse ou syndrome coup de sang
- Flutter diaphragmatique synchrone (sorte de « hoquet » chez le cheval)
- Dysfonctionnement neurologique
Evaluer la déshydratation :
Evaluer la déshydratation est un exercice subjectif. Pour les propriétaires de chevaux, la méthode traditionnelle pour déterminer l’état d’hydratation consiste à effectuer un test de pincement cutané : tendre doucement un morceau de peau sur l’épaule entre le pouce et l’index, puis le relâcher. Si la peau se rétracte et se défroisse rapidement au moment du relâchement, le cheval est probablement suffisamment hydraté. Si la peau tarde à se lisser et à retrouver son aspect normal, le cheval peut être déshydraté.
Le temps de remplissage capillaire mesure l’état circulatoire et est utile pour déterminer la déshydratation. Pour les chevaux, le test est effectué sur les gencives. Un pouce ou un doigt est pressé fermement sur la gencive puis relâché. Le temps qu’il faut pour que la zone pressée revienne à la même couleur que le tissu gingival environnant (pour se perfuser avec du sang) est le temps de remplissage capillaire (TRC). La plupart des chevaux normalement hydratés ont un TRC inférieur à 2 secondes. Au fur et à mesure que la déshydratation s’installe et s’aggrave, le TRC ralentit.
L’évaluation de l’humidité des gencives est une autre façon de déterminer l’état d’hydratation. Si les gencives sont collantes avec peu d’humidité, la déshydratation est probable.
Estimation de la déshydratation chez le cheval :
La plupart des chevaux souffrent de déshydratation à un moment donné de leur vie. La déshydratation légère peut être compensée grâce à un accès libre à une eau propre. Si la déshydratation est légère à modérée et qu’il n’y a pas d’obstruction gastro-intestinale ou de reflux nasogastrique, la réhydratation est généralement plus efficace en combinant eau et électrolytes. Si les électrolytes sont ajoutés dans l’eau, ayez toujours à disposition du cheval un seau d’eau propre si jamais il ne voulait pas boire en raison du goût.
La déshydratation sévère, cependant, est le plus souvent associée à des chevaux malades ou à ceux qui se livrent à des activités de haute performance et cette condition nécessite une intervention vétérinaire immédiate. Le remplacement liquidien intraveineux est souvent le traitement de choix pour les chevaux gravement déshydratés (vétérinaire).
Gérer l’apport en électrolytes :
Les principaux électrolytes sont le sodium, le potassium et le chlorure. Ils sont appelés électrolytes parce qu’ils existent dans le corps sous une forme ionique chargée électriquement. Les électrolytes jouent un rôle clé dans l’équilibre hydrique, la digestion, la formation de l’urine, la soif, la contraction musculaire, le fonctionnement nerveux et les battements du cœur. Bref, ils sont essentiels à la vie !
De grandes quantités d’électrolytes sont perdues dans la sueur, mais ce ne sont pas les seules pertes. Il y a aussi des électrolytes dans l’urine et les crottins. Le cheval a besoin d’électrolytes tous les jours et cela toute l’année.
Lors d’un effort important, un cheval peut produire entre 10 et 20L de sueur par heure. Le tableau ci-dessous donne la composition de la sueur du cheval en électrolytes principaux (Coenen, 2005) :
Les principaux électrolytes dans le sang et les tissus sont les cations sodium et potassium avec les anions chlorure et bicarbonate. Le corps peut fabriquer tout le bicarbonate dont il a besoin à partir de dioxyde de carbone, mais les autres doivent provenir de l’alimentation quotidienne.
Un cheval consommant 2% de son poids corporel en herbe ou en foin chaque jour obtient jusqu’à 10 fois les besoins quotidiens de base en potassium, ce n’est donc pas quelque chose que vous devez complémenter sauf en cas de déshydratation intense et rapide. Le fourrage est également une source de chlorure, bien que les niveaux varient beaucoup. Le sodium est le plus problématique parce que le foin et tous les autres éléments de l’alimentation du cheval, comme les céréales, les sons, etc., sont naturellement très peu concentrés en sodium. La solution à ce problème est le sel ordinaire = chlorure de sodium.
Le sel, qui est du chlorure de sodium, fournit le sodium manquant dans l’alimentation et protège contre les faibles niveaux de chlorure dans les fourrages. Le cheval de taille moyenne (500 kilos en maintenance) a besoin de 10 grammes de sodium par jour. Le fourrage en apporte en moyenne 4 grammes par jour, ce qui laisse 6 grammes à compléter, soit environ 15 de sel ordinaire par jour. Cela devrait être la base de la complémentation en électrolytes tout au long de l’année. Cette quantité est suffisante pour des chevaux qui ne travaillent pas (et donc transpirent peu).
Cependant, si le cheval est travaillé par temps chaud ou transpire suffisamment pour que sa transpiration soit visible, ces pertes de sueur doivent être compensées. Pour chaque heure d’exercice ou de transpiration visible, il faut idéalement fournir au moins 11 grammes de sodium après avoir laissé boire le cheval (pas loin de 30g de sel) !
Dans les cas de déshydratation importante, un apport d’électrolytes tout prêt en solution peut être utilisé, ce qui permet de limiter les risques de choc osmotique. En effet, dans tout organisme vivant, les flux d’eau sont régis par une force appelée pression osmotique. Toute différence de concentration entre deux compartiments contenant des liquides, par exemple entre les milieux intra- et extracellulaires, provoque un mouvement d’eau du milieu le moins concentré vers le milieu le plus concentré pour rétablir l’équilibre osmotique. Ce mécanisme repose sur un processus de dilution. Ainsi : Dans un environnement hypotonique (concentration du milieu extracellulaire < concentration du milieu intracellulaire), la cellule va gonfler en se gorgeant d’eau. Dans un environnement hypertonique (concentration du milieu extracellulaire > concentration du milieu intracellulaire), la cellule va rétrécir en libérant de l’eau à l’extérieur. Dans un environnement isotonique (même concentration à l’intérieur qu’à l’extérieur de la cellule), le volume de la cellule restera inchangé (pas de flux d’eau). Pour garantir l’équilibre hydroélectrolytique de l’organisme, les électrolytes doivent être maintenus dans des concentrations physiologiques adéquates. Cela permet le bon fonctionnement des processus physiologiques. Toute variation des concentrations en électrolytes (respectivement toute perturbation de l’équilibre hydrique) entraînera immanquablement des flux d’eau (respectivement d’électrolytes) pour rétablir cet équilibre.
Articles :
COENEN M. (2005). Exercise and stress : impact on adaptative processes involving water and electrolytes. Livestock Production Science, 92, pages 131-145.
DOLIGEZ et GENOUX, 2019. Les electolytes : luxe ou réels besoins. Equipedia ifce, 10 pages.
WALKER E.J. et COLLINS S.A. (2017). The effect of exercise intensity and use of an electrolyte supplement on plasma electrolyte concentrations in the Standardbred horse. Can. J. Anim. Sci., 97, pages 668-672
Livres :
Nutrient Requirements of Horses Sixth Revised Edition (2007) 360 pages
GeorR. 2013 . Equine Applied and Clinical Nutrition: Health, Welfare and Performance 696 pages