Le panier de pâturage, bonne ou mauvaise idée ?

Deux chevaux portant un panier de pâturage.
Une bande herbeuse.

Avant de parler des moyens de limiter la consommation de fourrage (et en l’occurrence ici d’herbe) de nos chevaux, il nous semble important d’évoquer la notion de satiété.

La satiété est un signal envoyé par notre corps pour nous indiquer que nous avons suffisamment mangé et pour stopper la sensation de faim. Les chevaux à métabolismes lents (rustiques) et les chevaux SME (Syndrome Métabolique Equin – équivalent du diabète de type 2 chez l’humain) auront tendance à ne plus avoir de satiété car ils développent bien souvent, en plus d’une résistance à l’insuline, une résistance à la leptine.

La leptine est couramment appelée « hormone de satiété ». Elle est directement dépendante de la proportion de gras dans l’organisme car elle est sécrétée dans les tissus adipeux. Des zones de stockage de gras importantes, une inflammation chronique de l’organisme, une flore intestinale déséquilibrée vont augmenter la production de leptine et finir par créer une résistance. La sensation de satiété n’étant plus générée, on observe une tendance à la boulimie chez les chevaux en surpoids, qui génère encore du surpoids, c’est un cercle vicieux !

Cette situation de faim permanente leur permet de survivre dans des milieux difficiles, mais lorsque notre cheval rustique dispose d’herbe et/ou de foin à volonté toute l’année, ses conditions de vie sont donc un peu trop “confortables” par rapport à son métabolisme, et il n’a plus l’occasion d’éliminer cette consommation excessive de fourrage, à moins d’une activité (vraiment) très soutenue.

Si l’équilibre minéral de la ration est adapté, que notre cheval a déjà une activité régulière mais qu’il reste malgré tout en surpoids problématique (on ne parle pas simplement de quelques kilos en trop au printemps, mais d’un cheval qui développe des dépôts de gras et des sensibilités de pieds, des problèmes respiratoires, de la dermite par exemple), qu’un pâturage au fil n’est pas envisageable, c’est là qu’intervient la solution du panier, pour éviter de passer au stade critique de la fourbure notamment.

Chevaux islandais dans la neige.
Poney shetland portant un panier de pâturage.

Les avantages

Les avis sur le panier sont souvent soit très positifs, soit très négatifs, mais il est parfois la seule solution vraiment efficace pour éviter d’importants problèmes de santé.

Ses avantages sont nombreux :

– permet de garder le cheval au sein de son troupeau (donc moins de stress, le stress étant un facteur de prise de poids)

– évite de devoir restreindre le mouvement dans un tout petit parc sans herbe

– limite les risques de problèmes respiratoires pour les chevaux sensibles à la poussière du foin en les gardant à l’herbe

– il en existe de nombreux modèles, avec des trous plus ou moins gros selon la quantité d’herbe que notre cheval peut consommer sur sa journée

– contrairement à ce que l’on imagine, la majorité des chevaux s’y fait très bien au bout de quelques heures

Les incovénients

Ses inconvénients sont surtout liés aux risques liés au port du panier :

– les possibilités de grooming sont très limitées, même si certains y arrivent bien malgré tout

– les risques d’accrochage sont plus élevés avec un licol au pré

– certains paniers trop durs abiment les dents, risque de blessure par frottement

 

Une bande herbeuse.

En appliquant ces quelques consignes simples, le panier peut vite devenir un allié de choix, confortable pour le cheval et son propriétaire :

– comparer les différents paniers disponibles sur le marché, pour trouver le meilleur rapport qualité prix par rapport aux besoins de notre cheval : ouverture plus ou moins large du trou de pâturage, tailles disponibles, etc. Il existe de nombreux retour d’utilisateurs qui peuvent aiguiller dans le choix et certains sont des valeurs sûres.

– opter pour un panier en matière souple et adaptée à la consommation alimentaire, afin d’éviter une usure prématurée des dents ou la consommation de substances toxiques pour l’organisme.

– utiliser un licol de sécurité, qui pourra casser en cas d’accrochage sérieux, mais pas au premier grattage contre un arbre.

– le panier doit être gardé en permanence sur la période définie (le printemps et l’automne sont souvent les périodes les plus à risque, l’été parfois aussi selon l’herbe disponible). Les études effectuées ont montré qu’une utilisation partielle ne limitait pas la consommation car le cheval a la capacité de se rattraper et de manger beaucoup plus pendant le temps sans panier.

Rappelons que le panier n’empêche pas le cheval de manger les quantités dont il a besoin, il limite simplement la surconsommation à l’origine de la prise de poids (d’où le fait que chez certains chevaux vraiment très gros, il ne fasse que “stopper” la prise de poids, mais ne permette pas d’en perdre sans une activité à côté, sans l’utiliser sur une herbe moins riche en hiver par exemple et sans gérer correctement la ration quotidienne).

D’après une étude menée sur 1082 chevaux par le Docteur David Marlin en 2023 (https://askanimalweb.com/owners-experiences-of-grazing-muzzles-the-survey-results-april-2023/), “seuls” 8% des chevaux sont sévèrement agacés par le panier (mais l’étude n’indique pas au bout de combien de temps), ce qui permet de relativiser son utilisation et de réaliser qu’il vaut parfois mieux contrarier un peu nos chevaux avec un panier, plutôt que d’attendre qu’ils soient victimes d’une fourbure avec tous les conséquences que cela implique (contrariété de séparation du groupe, douleur, etc.).

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