Le cheval résistant à l’insuline en pâture (SME – Syndrome Métabolique Équin)

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L’arrivée du printemps est toujours une période redoutée par les propriétaires de chevaux en syndrome métabolique équin. 

A cette époque pour les propriétaires de chevaux résistants à l’insuline, il est conseillé d’éviter le pâturage pour éliminer le risque de fourbure lié à l’herbe. Bien que ce conseil soit certes un peu extrême, c’est bien souvent le seul moyen d’éliminer le danger.

L’herbe est un tissu vivantLes niveaux de sucre et d’amidon peuvent varier et évoluent considérablement en fonction de l’âge de la plante, de l’heure de la journée, des conditions météorologiques et de la fertilité du sol.

Cela dit, il n’en demeure pas moins que même un cheval résistant à l’insuline peut parfois brouter sans présenter de crise de fourbure et de nombreux propriétaires ne peuvent se résoudre à priver complètement leurs chevaux d’herbe (voir l’histoire de Pinouche qui est à l’herbe 365 jours par an sans aucune trace d’inflammation à ce jour alors qu’il a connu des crises de fourbures chroniques par le passé).

Autoriser le pâturage pour ce type de chevaux peut s’apparenter à jouer à la roulette russe, mais il existe des moyens d’éviter les scénarios les plus risqués.

Lors des stages, nous abordons la différence sur les analyses de fourrage entre NSC et ESC.

NSC : les glucides non structuraux qui sont présents dans les plantes. Ce sont les fractions que la plante utilise pour son énergie ou qu’elle stocke pour une utilisation ultérieure. Les NSC comprennent les fructanes, qui ne sont pas digestibles pour le cheval et doivent être fermentés dans le gros intestin, tout comme le sont les fibres. Parce qu’ils ne provoquent pas une augmentation significative de l’insuline, les fructanes ne sont pas un problème pour la fourbure (à court terme du moins).

ESC : glucides solubles dans l’éthanol = sucres simples. Ce sont ces fractions, avec l’amidon, qui sont les plus préoccupantes.

Au cours des années précédentes, l’accent a été mis sur l’évitement des graminées de saison froide (qui poussent déjà en automne et restent souvent vertes en hiver, avec une épiaison au printemps) au profit des espèces de saison chaude (qui commencent leur cycle de végétation vers fin mai/début juin seulement), en particulier si les graminées indigènes n’ont pas été “améliorées” pour les rendre plus tolérantes à la circulation des animaux, au pâturage intensif et/ou à des conditions de croissance (ray grass notamment). Cet avis a été donné sur la base du NSC total des graminées, y compris le fructane.

Mais depuis lors, il est devenu de plus en plus clair que le fructane de graminées est rarement, voire jamais, responsable de la fourbure des pâturages d’origine naturelle. S’il est vrai que les graminées productrices de fructane ont également des niveaux de sucre plus élevés (au moins lorsqu’elles produisent activement du fructane), même les espèces indigènes auront suffisamment de sucre et d’amidon pour causer des problèmes à un cheval résistant à l’insuline à certains stades de croissance ou dans certaines conditions de croissance.

Lorsque le risque de fourbure/inflammation est considéré du point de vue de ce qui peut déclencher une réponse à l’insuline, aucun type d’herbe (ou de légumineuse – c’est-à-dire la luzerne et les trèfles) n’est intrinsèquement sûr.

D’autres facteurs de stress environnementaux tels que des températures extrêmes ou de la sécheresse ont des effets différents selon le type d’herbe, mais impliquent une augmentation à la fois des sucres simples et des glucides de stockage, les formes de stockage étant épuisées lorsque des conditions favorables à la croissance se produisent. 

Le message à retenir ici est que l’herbe dormante n’est pas morte. Des niveaux de glucides dangereux peuvent être présents même en hiver ou en été lorsque l’herbe semble sèche. Bien qu’il existe une myriade de scénarios où il est possible qu’un cheval SME rencontre des pâturages dangereux, le fait demeure que la grande majorité des cas de fourbure surviennent lorsque l’herbe pousse rapidement, donc généralement au printemps. 

Mais alors comment évaluer visuellement les pâturages pour connaitre leur stade de croissance et donc le niveau de glucides simples problématique (principalement le sucre) ? 

Les graminées aux stades de croissance (végétative) et de reproduction ont les niveaux de sucre les plus élevés. Une fois qu’ils sont au stade d’épiaison (stade phénologique des graminées qui correspond à l’apparition de l’épi hors de la gaine de la dernière feuille), les taux ont chuté pour se semer et les niveaux baissent. 

Par sécurité, il ne faudrait jamais tenter de faire pâturer un cheval SME (surtout lorsqu’il n’est pas stabilisé depuis longtemps d’un point de vue alimentaire) sur des peuplements d’herbe immatures. Si vous ne savez pas quelles herbes vous avez et à quoi elles ressemblent à maturité, n’hésitez pas à demander à des spécialistes ou à nous consulter. 

Les herbes mettent plusieurs semaines à mûrir et à produire leurs graines. Une fois que les graines sont « prêtes », il faut généralement 10 à 14 jours pour que les graines tombent. Il est peu probable que le cheval puisse ingérer suffisamment de graines pour avoir un problème avec l’amidon, mais il est toujours préférable d’attendre que les graines tombent avant de permettre le pâturage. 

A ce stade, vous l’aurez compris, les taux de sucre (concentrations) deviennent moins dangereux pour les chevaux. Cependant, il faut également tenir compte du fait que les chevaux SME ne se régulent pas sur la quantité d’herbe ingérée (voir l’article sur les chevaux SME). Cela demande donc, en plus de la concentration en sucre à surveiller, de limiter la quantité totale d’herbe à disposition. Pour cela, plusieurs stratégies peuvent être mises en place :

  • panier visant à limiter la quantité ingérée en veillant à ce que celui-ci ne génère pas trop de stress car les hormones générées par ce stress pourraient augmenter la résistance à l’insuline
  • rotation sur de très petites zones en veillant à maintenir un score corporel stable et donc en changeant de parcelle que lorsque le cheval commence à perdre du poids et en s’assurant de ne jamais avoir de pouls digité
  • mise en place d’un pâturage au fil en s’assurant également d’avancer progressivement

Il faudra, bien sûr, tenir compte du taux de fer dans l’herbe qui, lorsqu’il est très élevé, peut provoquer à lui seul des inflammations importantes !