Gérer l’excès de fer dans la ration du cheval

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Le fer est un oligo-élément essentiel pour l’organisme du cheval comme pour celui de l’homme. Il est un constituant de l’hémoglobine et a donc un rôle important dans le stockage et le transport de l’oxygène dans l’organisme.

Dans son régime alimentaire, l’homme trouve sa source de fer dans la viande ou les légumineuses par exemple, mais il n’en consomme pas en continu contrairement au cheval qui lui, consomme du fourrage (herbe et foin) tout au long de la journée.

Les besoins en fer d’un cheval de 500kg en maintenance sont de 400mg/jour.

Les fourrages contiennent en moyenne 200mg de fer par kilo, mais les taux peuvent varier de 40mg à plus de 1200mg par kilo ! Sur la base d’un foin moyen à 200mg de fer par kilo, 2kg de foin suffiraient donc à couvrir les besoins en fer de ce cheval. Pour autant, celui-ci va en consommer bien plus (au moins 10kg pour couvrir ses besoins en protéines et en énergie), ce qui nous fait un apport moyen de 2000mg de fer par jour.

Un cheval qui reçoit suffisamment de fourrage a donc des apports en fer largement suffisants voir excessifs !

Or, en excès, le fer est :

  • Pro-inflammatoire (sensibilité de pieds, diarrhée, fourbure, dermite, emphysème …)
  • Pro-oxydant (lésions musculaires, sarcoïdes, tumeurs …)
  • Pro-infectieux (baisse de l’immunité, pourritures de fourchettes, gale de boue, abcès, …)

Il est très mal éliminé (ou trop bien recyclé) par l’organisme et stocké dans le foie. Il empêche également l’assimilation optimale du cuivre et du zinc (oligo-éléments indispensables pour la santé du cheval et présents en bien trop faibles quantités dans les fourrages par rapport aux besoins des chevaux).

Plus l’apport en fer est important dans le fourrage, plus les apports en cuivre et zinc devront être conséquents et supérieurs aux besoins minimums recommandés (comme pour le calcium/phosphore/magnésium, il convient de respecter des ratios d’assimilation entre chaque.

De plus, les bactéries responsables des maladies telles que la piroplasmose ou la maladie de Lyme se nourrissent entre autres de fer et de sucre. Sa présence en excès rend donc le terrain favorable à leur développement.

Quelques signes d’une alimentation/d’un environnement apportant beaucoup de fer :

  • Décoloration des poils et des crins car le cuivre et le zinc qui permettent la pigmentation ne sont plus assimilés correctement
  • Seimes persistantes, pourritures de fourchettes qui ne se soignent pas malgré un bon entretien des pieds
  • Lignes d’inflammation chronique sur les pieds
  • Fatigue chronique, troubles musculaires non expliqués par les examens habituels
  • Traces rouges ou oranges sur le sol, dans les flaques d’eau
  • Présence de luzerne dans les fourrages/terrains

Et l’anémie dans tout ça ?

L’anémie est définie par un taux de globules rouges bas dans le sang. Pour être fabriqués, les globules rouges nécessitent notamment du fer, du cuivre, de la vitamine B9 et de la vitamine B12.

Chez l’homme qui n’est pas un grand consommateur de fourrage (!) et encore plus chez la femme (en raison de ses menstruations), il est fréquent qu’une carence en fer soit à l’origine de l’anémie.

En revanche, nous l’avons vu, la carence en fer est peu probable (voire impossible) chez le cheval nourri principalement de fourrage. Les principales causes d’anémie chez le cheval sont donc :

  • une grosse carence en cuivre en raison des fourrages qui en apportent très peu ou d’un gros excès de fer qui limite son assimilation
  • une grosse carence en vitamines du groupe B (notamment B12 et B9) lorsque la flore intestinale qui les synthétise est très dégradée
  • une maladie d’origine bactérienne de type Lympe, anaplasmose, piroplasmose, leptospirose car le système immunitaire du cheval va rendre le fer moins disponible dans le sang pour ne pas favoriser le développement de la bactérie. Le fer est donc également moins disponible pour les globules rouges, mais toujours présent dans l’organisme.
  • une hémorragie importante, le manque de stimulation de l’organisme (mouvement, vieillesse, etc.)

Idéalement, en cas d’anémie visible à la prise de sang, la première chose à faire sera donc de chercher la cause en effectuant une sérologie permettant de détecter si le cheval est porteur d’une maladie et la soigner le cas échéant, puis faire une complémentation adaptée en cuivre et vitamines B notamment.

Comment peut-on limiter l’apport excessif de fer dans la ration de son cheval ?

  • Lire les étiquettes des aliments et compléments distribués et éviter ceux qui contiennent trop de fer ajouté* et des matières premières qui en sont riches dans les premiers ingrédients (voir point suivant).
  • Limiter les quantités de matières premières trop riches en fer : luzerne (500mg par kilo), pulpe de betterave (600mg par kilo), lithothamne, algues marines, orties, etc. Donner 1 ou 2 poignées d’un aliment par jour ou faire une cure de courte durée ne pose pas de souci bien entendu.
  • Éviter les abreuvoirs rouillés.
  • Faire tester les eaux de puits et de fourrages.
  • Compléter la ration avec un CMV apportant cuivre et zinc en quantité.
  • Envisager de faire analyser le fourrage en cas de problématiques persistantes, malgré une alimentation adaptée.

*Certains aliments sont transparents et indiquent la quantité de fer contenue dans les matières premières sans en ajouter, ce qui est plutôt positif. Au contraire, certains n’en ajoutent pas synthétiquement mais après passage en laboratoire ils ressortent à plus de 600, 900, 1000mg de fer parfois !

Le procédé de séchage de certaines matières premières peut également générer de gros dépôts de fer alors qu’il y en a peu au départ. Attention donc aux bouchons de foin et herbes séchées à haute température s’il n’y a pas de nécessité vitale (cheval qui ne peut plus manger de foin notamment, pour qui il n’y a pas d’autre alternative).

Le petit +

Les équidés de types rustiques (métabolismes lents à tendance SME, ibériques, poneys, ânes …) sont plus sensibles face à l’excès de fer car celui-ci favorise la résistance à l’insuline et le surpoids (alors que cet excès de fer fera plutôt maigrir un cheval à métabolisme rapide de type cheval de selle, trotteur, pur-sang anglais). La sélection des matières premières et aliments distribués est donc d’autant plus importante pour eux, tout comme la complémentation en cuivre et zinc, primordiale pour optimiser le bon fonctionnement de leur métabolisme.

Conclusion

L’excès de fer dans la ration ou dans l’environnement du cheval est quasiment inévitable, il faut donc faire avec et limiter les conséquences.
Le travail augmente les besoins et donc la consommation de l’organisme en fer donc il est l’un des leviers envisageables lorsque l’excès est avéré.

Il ne faut pas en arriver à traquer le moindre milligramme partout, mais limiter les apports excessifs via aliments et compléments en sélectionnant des produits de qualité quand c’est possible reste la meilleure option !

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