Pourquoi mon cheval décolore-t-il ?

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Aujourd’hui nous avons souhaité répondre à une question qui nous est régulièrement posée, à savoir pourquoi les chevaux foncés (noirs, bais, etc.) sont souvent décolorés.

Voici l’exemple d’un cheval qui devrait être noir, mais qui a l’aspect “décoloré” au niveau du poil et de la crinière. En parallèle, son poil est terne et cassant au lieu d’être lisse et brillant :

De nombreux chevaux, pourtant bien soignés, présentent des signes de décoloration ou des problèmes de poils (et bien souvent au niveau de la corne des pieds en parallèle).
Les chevaux les plus touchés par la décoloration sont les robes les plus foncées de base noire ou baie, mais il affecte également les alezans et dans une moindre mesure les gris. Certaines races sont plus touchées que d’autres : les Frisons, par exemple, ne décolorent pas autant. Ils peuvent y être moins sujets car ils produisent génétiquement des concentrations plus élevées de mélanine protectrice. Même s’ils en produisent moins que la normale, c’est toujours plus que la majorité des autres chevaux.

La pigmentation de la robe et des crins est déterminée par la présence, l’absence ou les proportions relatives des différents pigments de mélanine (eumélanine pour la pigmentation noire et phéomélanine pour la pigmentation alezane).
Les mélanines sont des biopolymères relativement gros absorbant la lumière qui se présentent sous diverses formes similaires. L’eumélanine est de couleur brune ou noire, mais on pense qu’elle est toujours noire chez les chevaux.
Les mélanines sont des matières premières qui comprennent des produits chimiques appelés indoles ainsi que d’autres produits dérivés de l’oxydation d’un acide aminé appelé L-tyrosine – qui se produit dans les plantes et les animaux, y compris les micro-organismes et les humains.

La mélanine est produite à partir de l’acide aminé nommé tyrosine, grâce à la tyrosinase qui est une enzyme dépendante du cuivre. Cela se produit chez les plantes et les animaux, y compris les micro-organismes et les humains.
Une quantité suffisante de cuivre est nécessaire pour produire les pigments des robes les plus claires, et du cuivre et du zinc sont nécessaires pour les robes les plus foncées.

Le but des pigments est d’agir comme un bouclier contre la lumière. La décoloration est causée par la lumière ultraviolette oxydant les pigments.
Si les apports en cuivre et zinc sont inférieurs aux besoins optimaux du cheval, les poils et crins seront plus sujets à la décoloration mais auront l’air normaux jusqu’à ce que suffisamment de pigment ait été endommagé pour provoquer cette décoloration.

C’est pour cela que la robe d’hiver nouvellement développée apparaîtra plus foncée mais s’éclaircira avec le temps si le cheval manque de cuivre et de zinc.
Vous l’aurez donc compris, la carence en cuivre influence la qualité du poil/des crins et produit l’aspect « rouille » des robes foncées, ce qui est particulièrement visible dans les crinières des chevaux bais et noirs.

Il ne suffit pas d’assurer simplement des niveaux suffisants de cuivre et de zinc dans l’alimentation, l’équilibre entre les deux doit également être pris en compte car il a été démontré qu’une trop grande quantité de fer ou de zinc dans l’alimentation interfère avec l’absorption du cuivre. C’est ce qu’on appelle une carence secondaire en cuivre. Le rapport idéal entre le cuivre et le zinc est de 1 pour 3 dans l’alimentation globale.

Une carence en cuivre peut être évidente avec les changements de couleur de la robe, mais peut être plus subtile sur d’autres parties du corps. Le cuivre permet la synthèse de nombreuses enzymes responsables de réactions chimiques dans tout l’organisme. Une carence peut entraîner des anomalies au niveau des os, des cartilages, des tendons et des ligaments et a été reliée par exemple à la rupture de l’artère utérine chez les juments, à une complication mortelle du travail et combinée à une carence en zinc, au développement d’une maladie osseuse chez les poulains.

Des études ont montré qu’un apport élevé en fer peut également interférer avec les niveaux de zinc, provoquant une carence secondaire en zinc. Étant donné que les pâturages et le foin ont généralement des niveaux excessifs de fer, il est donc important d’éviter les suppléments qui en rajoutent.

Une carence en zinc peut causer une série de problèmes : une desquamation de la peau, une baisse de la fertilité, une mauvaise qualité des sabots, des poils et des crins, des ulcères buccaux, une légère anémie (dommages oxydatifs), une immunité peu optimale et une prédisposition aux infections cutanées.

Il convient de noter que l’anémie due à une carence en fer est extrêmement rare, plus probablement causée par une carence en cuivre, car la production de l’hémoglobine transportant l’oxygène pour les globules rouges nécessite un certain nombre d’enzymes cruciales dépendant du cuivre.

ALORS QUE DOIS JE FAIRE ?
Tout d’abord, dans la mesure du possible, n’ajoutez pas de fer supplémentaire dans la ration de votre cheval. C’est presque inévitable si vous donnez un aliment industriel donc il conviendra d’éviter les compositions trop riches en luzerne, pulpe de betterave, algues, etc.
Evitez également les suppléments en minéraux/vitamines qui contiennent du fer ajouté.

Privilégiez un complément minéral qui apporte du zinc et du cuivre en quantités suffisantes, ainsi que des antioxidants comme la vitamine E et sélénium.
En assurant une bonne flore intestinale, un contrôle du parasitisme et des apports convenables en oligo-éléments, vous mettez toutes les chances de votre coté pour que votre cheval conserve une belle robe toute l’année.

Sources :

Collins et al., 2010 Metabolic crossroads of iron and copper 22p
Hudson et al., 2000. The effects of intake level on the digestibility and retention of copper, zinc and manganèse in sedentary horse. 2 p.
Kellon E., 18 mai 2022 Copper and Zinc | Dr. K’s Horse Sense (wordpress.com)

Livres :
Nutrient Requirements of Horses Sixth Revised Edition (2007)
GeorR. 2013 . Equine Applied and Clinical Nutrition: Health, Welfare and Performance

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